aujourd’hui, c’était sonore et réflexif.
au tout début de du projet Eve(s), j’ai rencontré une plasticienne et metteur en scène géniale, qui a mené un projet très similaire, à partir d’entretiens avec des femmes, sur le sujet précis de la maternité.
Elle m’avait mise en garde à l’époque sur la boulimie qu’on peut avoir quand on se lance dans ce genre de projet, et sur la difficulté de traiter ses heures de matières sonores après coup. j’ai toujours gardé cette mise en garde à l’esprit, mais j’en prends seulement la mesure maintenant que je suis confrontée au montage.
A émergé aujourd’hui l’idée d’une indexation par mot-clés de tous les extraits sonores, classés dans une base de données. ce qui pourrait nous permettre de nous y retrouver plus facilement. car nous sommes déjà noyées alors que nous ne possédons q’une douzaine de témoignages. quand il s’agit de trouver un extrait qui fasse écho à un autre, il devient difficile de se souvenir de tout, et la ré-écoute de toutes les bandes est extrêmement longue et fastidieuse…
en vrac, car il est déjà tard, d’autres pensées qui nous ont effleurées aujourd’hui :
– Notre Eve(s), pour le moment, est désespérément hétéro… comment y remédier sans forcer la donne jusqu’à annoncer crûment « nous recherchons des femmes homo et bi pour témoigner sur leur rapport au corps »… doit-on seulement y remédier ou juste laisser faire, sachant que nous ne sommes de toute façon pas dans un cadre sociologique, et que notre vision sera toujours parcellaire… question ouverte…
– Quel regard pourront porter les hommes qui viendront voir l’installation samedi ? se sentiront-ils parfois voyeurs ? ou simplement pas concernés ?
et si nous ouvrions les témoignages aux hommes, pour avoir la résonnance de regards d’hommes sur la question de la féminité ? auraient-ils le même lâcher-prise dans la confidence ?
– impossible d’aller aussi loin dans la photo à la friche que dans mon atelier. surtout sur la question de la nudité. est-ce parce qu’il y a un enjeu de présentation publique, parce que le lieu ne se prête absolument pas à faire dévêtir un modèle, parce que la rencontre est trop fraîche pour oser…
– pour un prochain temps de travail, ne pouvons-nous pas penser à inverser l’ordre des choses : créer une installation d’Eve(s) avec les matériaux existants, la présenter au public, et dans un second temps seulement recruter de nouvelles participantes… ça aurait l’avantage pour les modèles de pouvoir se représenter ce à quoi servira leur témoignage, et règlerait la question de la censure (envie de participer, mais pas envie que mon collègue/ma boulangère/l’instit de ma fille puisse me voir ou m’entendre)…
Bref, c’est fascinant. et compliqué aussi. comme à chaque fois qu’il s’agit de représentation de l’intime…
encore une longue journée demain… quelques heures de sommeil ne me feront pas de mal
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